mardi 4 octobre 2016

Québec — Analphabétisme fonctionnel et diplomation sont en hausse



Même si le taux de diplomation est en augmentation au Québec, les données sur l’analphabétisme démontrent au contraire que la situation est loin de s’améliorer.

En 2003, 47 % des Québécois étaient considérés comme analphabètes fonctionnels alors que ce chiffre est passé à 53 % en 2013. Au Canada, cette proportion est de 49 %.

Selon Caroline Meunier, du Regroupement des groupes populaires en alphabétisation au Québec, les statistiques sur l’analphabétisme au Québec sont plus révélatrices que le taux de diplomation, puisque ces chiffres indiquent clairement quel est le niveau de compétence d’une population par rapport à l’écrit, au-delà du diplôme obtenu.

Selon Le Journal de Montréal, le ministère de l’Éducation décernerait également des diplômes à des jeunes qui sont analphabètes fonctionnels et qui peinent à lire sans aide.

Ces finissants (élèves de dernière année) ont obtenu un « certificat de formation préparatoire au travail », un programme créé par Québec pour les élèves en difficulté qui a fait son apparition dans les écoles secondaires il y a une dizaine d’années, avec l’arrivée de la réforme scolaire.

Bon an mal an, Québec décerne environ 4500 diplômes de ce genre, que l’on appelle des « qualifications ». Certains, comme le CFPT, sont décernés après 900 heures de stage en milieu de travail, peu importe le niveau scolaire de l’élève. Ces diplômés — dont plusieurs sont analphabètes fonctionnels, comme le Journal de Montréal a pu le constater — sont inclus dans le calcul du taux de diplomation provincial.

Ce constat est d’autant plus troublant que l’analphabétisme est décrit par plusieurs observateurs québécois comme un drame national, qui prend des proportions inquiétantes.


L'éducatrice Tania Longpré n’est pas surprise :

Ça vous surprend ? Pas moi. Lorsqu’on œuvre en éducation depuis près d’une décennie comme c’est mon cas, on sait que le cas de Jonathan Côté figurant dans ce reportage n’est que la pointe de l’iceberg : ils sont des milliers dans la même situation.

Pourtant, les préoccupations des gouvernements sont plutôt du côté du bilinguisme : on s’inquiète que nos jeunes [francophones] ne soient pas assez bilingues, alors qu’environ 50 % des francophones ont des problèmes à lire et à écrire dans leur langue maternelle. C’est une véritable catastrophe nationale.

C’est ce qui m’inquiète le plus dans l’avenir du Québec : le fait qu’on soit obnubilé par la diplomation au point de diplômer tout le monde, sans se soucier des problèmes que les gens auront au cours de leur carrière, s’ils sont en mesure d’en avoir une.

[...]

À quand des programmes de français intensifs ?

Le chiffre fait sourciller. Parmi les Québécois de 16 à 65 ans qui détiennent un diplôme universitaire, 27 % ont des difficultés en lecture et peuvent même être considérés comme analphabètes fonctionnels.

Cette statistique peut s’expliquer par le fait qu’il est possible de « désapprendre » à bien lire au fil des ans, si l’on ne pratique pas régulièrement, explique Paul Bélanger, professeur à l’UQAM et ex-président du Conseil international de l’éducation aux adultes.

« On parle de gens qui sont allés à l’école, parfois assez longtemps, mais qui ont perdu de leurs compétences parce qu’ils n’ont pas pratiqué. La lecture, c’est un peu comme l’espagnol. Si tu suis un cours, mais que tu ne pratiques pas pendant des années, tu ne te rappelleras plus grand-chose. »

On ne parle pas ici de perdre complètement sa capacité à lire, mais plutôt d’être un moins bon lecteur qu’avant, d’avoir plus de difficulté à comprendre des textes complexes ou plus longs. C’est ce qui peut arriver à des gens qui ne lisent pas dans le cadre de leur travail ou dans la vie quotidienne, même s’ils ont un diplôme.

C’est ce qui expliquerait en partie pourquoi le Québec compte une proportion étonnante d’analphabètes fonctionnels même dans les rangs de ses diplômés universitaires. Pensez à un ingénieur qui travaille avec des chiffres à longueur de journée ou à un informaticien qui utilise principalement l’anglais au bureau, par exemple.

Parmi les diplômés de niveau secondaire, 63 % sont considérés analphabètes fonctionnels. Les analphabètes fonctionnels sont capables de lire, mais ils ont de la difficulté à comprendre toutes les informations tirées de textes plus complexes. Ils peuvent lire un article de journal décrivant un fait divers ou un match de hockey, mais ils auront du mal à comprendre toutes les nuances d’un éditorial ou d’une chronique d’opinion, par exemple.

Voir aussi

Traitement de façade ? Le décrochage au Québec est-il vraiment en baisse ? (2015)

Le Québec qui ne sait pas lire (2016)

Québec — Triplement du nombre d'heures d'anglais en une trentaine d'années

Diplômer tout le monde au Québec : médailles en chocolat ? (2011)

Baisse relative du nombre de diplômés par rapport à l’Ontario après la Grande Noirceur

L’État a-t-il vraiment fait progresser l’éducation au Québec ?

L’alphabétisation de la population de la ville de Québec de 1750 à 1849


https://www.erudit.org/revue/haf/1985/v39/n1/304327ar.pdf

2 commentaires:

Simplet a dit…

Nous sommes à l’ère de l’inclusion. Immigrants­­, démunis, handicapés. Tous dans la même classe au nom d’un modèle­­ niant l’inégalité de la condition humaine.
Les exigences ont forcément été aplanies. Comprendre, savoir lire ou savoir écrire n’est plus un prérequis jusqu’à l’université. Le réseau remet des diplômes qui valent à peine le papier sur lequel ils sont écrits.
L’ironie veut qu’ensuite, les bureaucrates refilent aux contribuables des formations coûteuses pour apprendre à écrire leurs propres rapports: «Améliorer son style de rédaction», «Écriture stratégique», «Rédaction persuasive». Sans parler des politiciens qui refilent à des consultants la tâche d’écrire leurs discours.
Cinquante ans après la révolution rose bonbon, l’État du Québec, le succédané du pays, produit des analphabètes par milliers à coups de milliards.

Mais qu’entend-on encore et toujours sur la place publique? Qu’il faut dépenser plus encore... Aucune remise en question de l’essentiel; tous ont peur d’indisposer les vrais maîtres de la Belle Province...

http://www.journaldequebec.com/2016/10/05/victoire-de-la-mediocrite#cxrecs_s

Anonyme a dit…

Cette article ne me surprend pas. L'école tels que je l'ai connu abandonnent les élèves en difficulté d'apprentissage. Ils stationnent c'est élèves en difficultés en classe spécialisé et leurs fait croire que c'est pour leurs bien alors que en réalité, ils leurs apprennent plus rien et les invitent pas à ce dépasser intellectuellement. Dans c'est classe, les élèves côtoient les déficients léger, des jeunes ayant des troubles neurologique parfois grave et des délinquants. Mais ce n'est pas tous ceux qui sont en difficultés qui devrait être placé dans c'est classe. Pour l'avoir vécu, je me suis senti déprécier au plus au point dans c'est classe.